WHATSHIFI ?

 




De tout temps, les normes qui caractérisaient la Hi-Fi étaient en dessous des besoins réels. La célèbre norme DIN 45500 a permis à moult constructeurs de nommer «  Hi-Fi » des produits à la sonorité plus ou moins attrayante.


En fait la hi-fi est un peu une auberge espagnole, on y trouve ce que l’on y a amené !


Pour certains le but du jeu est d’obtenir chez soi un son agréable. Mon copain Michel sera sensible aux graves amples et profonds, tel autre cherchera pleins de détails dans l’aigu, trouvant dans ce foisonnement d’informations une richesse sans pareil. Le troisième évitera les agressions sonores dans le médium…etc.


Pour d’autres, le but de la hi-fi est d’être « hautement fidèle » à l’original. Et là, cela se complique. Il y’a de nouveau deux visions qui s’affrontent !


  1. Je suis chez moi, je veux retrouver les sensations sonores que j’ai eues à l’occasion de mon dernier concert au Carnegie Hall !

  2. Je suis chez moi, je veux entendre la musique comme si les musiciens étaient présents dans la pièce.


Il est impossible de prendre parti en faveur d’une description en jetant les autres dans la fosse aux lions !



Celui qui cherche un son agréable est un homme heureux car les systèmes du marché actuels lui permettent très facilement de trouver chaussure à son pied. Pour donner un son agréable, il suffit de flatter l’oreille avec des graves chauds et des aigus chatoyants tout en gommant l’agressivité généralement contenue dans le médium. Cette méthode vieille comme l’amplification du son (ou presque) est connue sous le nom de « loudness ». Un petit creux dans le médium et tout devient poli et bien léché. Ces chaînes que j’appelle les « enjoliveurs » sont à la musique ce que les « chromos » de supermarché sont à la peinture. Vous sentez bien au ton que je n’appartiens pas à cette catégorie, mais je me garderais bien de tout jugement de valeur, quel mal y a t-il à se faire plaisir, à enjoliver la réalité ? ? Je ne crois pas que ce genre de système de reproduction du son soit « hautement fidèle », mais est-ce critiquable pour autant ? Après tout je fais partie de ceux qui trouvent que les vieux postes « sonnent » bien, et pourtant on est loin de son originel également !



Les puristes sont moins bien lotis ! D’abord il y a ce que l’on écoute, ensuite il y a le lieu d’écoute, enfin le système.


De ce que l’on écoute va découler ou non une cascade de contraintes.


Le pire cas : vous écoutez tout ! Un soir de calme, un petit quatuor de Mozart, le lendemain l’octuor de Mendelson (une des plus belles musiques du monde non ?) Dimanche ce sera au tour de Bruckner (je vous conseille le regretté Gunther Wand…étonnement jeune, cet octogénaire…). Tout ceci ne serait rien si il n’y avait également Boussaguet (le plus fou des bassistes de jazz) ou les Pink Floyd les jours de crise !


Bref comment concilier la techno et J.S. Bach, Jean Ferrat et M.C. Solaar ? ?


D’abord il faut la vraisemblance, la capacité de votre ensemble à rendre l’impression de la musique vraie.


Cette impression c’est souvent un sentiment de puissance qui arrive sans ostentation, sans distorsion, sans agressivité…


La puissance délivrée par un impact de baguette de batteur, qui doit arriver sans même que l’on s’aperçoive qu’il a fallu un court instant, 100 ou 110 dB…mais aussi la puissance profonde du pédalier de l’orgue (écoutez les 4 toccatas et fugues de Bach par ISOIR chez Calliope…pub désintéressée et gracieuse…).


Pour le « Sacre » aussi il faut de la puissance, mais c’est plus la puissance du feu de la Terre, lourde, dense, massive…celle qui vous prend aux tripes. C’est la même pour la techno (si, si, je vous assure, cela s’écoute comme le reste…).


Ne croyez pas faire de la musique avec une chaîne aux jolis sons si ces derniers ne sont que dentelles légères…Un bon repas ne se contente pas de subtiles légèretés, parfois il faut du tangible, un bon cassoulet ou une côte à l’os ! !


La musique, comme tous les plaisirs du monde, est affaire d’épicuriens…


La puissance, sous peine d’être indigeste, ne peut supporter les distorsions et les aberrations de bande passante. Dans les distorsions, il faut compter avec les écrêtages d’amplis sur les transitoires. Si vous devez prendre un « petit » ampli, choisissez un appareil à écrêtage « mou », genre ampli à tube. La limite y arrive avec plus de progressivité que sur les modèles à transistors qui sont plus « carrés » dans leur comportement.


Si vous pouvez vous offrir des watts, alors pas de problème !


Un autre avantage des tubes est leur capacité de puissance instantanée, un 40W pourra vous donner 50 ou 60W sans arriver à sa limite mais juste le temps du contre ut de la chanteuse ou du fameux la bémol du pianiste.



Bien entendu les commentaires qui précèdent s’adressent à des amplis corrects aussi bien à tube (si, si il y en a !) qu’à transistors (c’est plus difficile à faire mais il y en a aussi !).


Tout ceci est fort bien, mais la vraisemblance réclame aussi des enceintes capables de faire un son qui ressemble à l’original, tant en termes de rendement qu’en termes de timbres.


Éliminez d’office les enceintes traditionnelles à trop faible rendement. Si elles sont à faible rendement c’est que les moteurs des haut-parleurs sont sous dimensionnés, et que donc vous ne pourrez jamais en tirer les impulsions nécessaires à une certaine vérité sonore.


Moteur trop petit, cela veut dire H.P. pas chers. Si le concepteur n’a pas mis les moyens dans l’équipage mobile et l’aimant, pourquoi croyez-vous qu’il a fait du génial ailleurs dans l’enceinte ? (sauf si vous croyez encore au père Noël…).


Je disais traditionnelles, car certaines technologies ont moins de rendement par leur principe (électrostatiques, panneaux etc). Quelles que soient leurs qualités souvenez-vous qu’il faut pouvoir « sortir » des pointes à 110 dB pour être à l’aise (100W dans deux enceintes à 87 dB / W de rendement, pour fixer les idées, ou 400W pour 80 dB...).


A défaut de pouvoir travailler à niveau réaliste, vous vous exposez à une perte de dynamique qui n’est pas liée au matériel, mais hélas au comportement de l’oreille humaine. Vous pouvez lire à ce sujet une explication technique sur ce même site.


Le lieu d’écoute fait partie de votre chaîne hi-fi.


Dans le cerveau des associations inconscientes sont faites entre le lieu et les sons que l’on y entend. En entrant dans une pièce et en disant quelques mots, un aveugle sait s’il y a un piano ou non !


Tant que vous aurez la vue, votre cerveau saura, quel que soit la qualité du son que vous entendrez, où vous êtes, et qu’il n’y a pas de musiciens dans la pièce.


C’est pour cela que beaucoup d’entre nous écoutons dans le noir le plus absolu.


Essayez un jour, sans aucune lumière, (même pas un voyant qui traîne) et dès le noir établi, vous « verrez » votre ouïe s’épanouir en quelques secondes. Vous pénétrerez dans un autre monde. Ce monde est tellement différent de celui que nous écoutons habituellement…Pourtant rien de technique n’a changé. Sans entrer dans la biologie du cerveau, sachez que ce que nous entendons n’est rien de plus que l’interprétation par nos neurones, et par comparaison du connu, du signal capté et bricolé par nos oreilles.


Imaginez que vous entendez un son aigu, genre flûte. Le signal électronique correspondant ressemble à ceci :








Maintenant vous entendez un grave ample du pédalier de Notre dame, c’est à dire un truc comme ça :



Et enfin si les deux notes sont jouées simultanément vous les entendrez distinctes l’une de l’autre…et pourtant le signal électrique retransmis par votre chaîne ressemble à ceci :





C’est à dire à un signal composite, résultant de l’addition en chaque point des deux signaux originaux.


Une expérience édifiante a été faite il y a quelques années par Claude Laffont.

Sur un système connu (ONKEN ALTEC 604 + classe A de votre serviteur) il passe un disque (Faust symphonie de Liszt) sur une plage bien précise où l’on entend distinctement une page tournée.


Tout le monde entend la page tournée, audiophiles, épouses, enfants, voisins, facteur etc.


La plage une fois identifiée de tous et mémorisée, on change d’ampli pour passer sur une classe AB réglé au même gain pour avoir exactement le même niveau sonore en final.


Et là, plus personne n’entend la page tournée, en sachant où c’est et en se tordant les oreilles pour percevoir le moindre soupçon d’espèce de bruit de papier.


Personne n’entend la page.


On rebranche le classe A.


Tout le monde entend de nouveau le bruit de la partition tournée ! !


Il ne faut pas prêter aux amplis, fort acceptables tous les deux (bien sûr c’est moi qui les ai faits !) le pouvoir de discriminer le bruit de la page et de la retransmettre ou non à la sortie. C’est le cerveau qui dans un cas reçoit, en même temps que le tutti de l’orchestre, des signaux « significatifs » et qui donc amène au niveau du conscient le son de la fameuse page tournée. Dans l’autre cas, vraisemblablement à cause d’un peu plus de distorsion, les signaux ne représentent plus rien dans la mémoire de l’auditeur et ils sont donc tout bonnement supprimés de la perception consciente ! (ça c’est de la psycho-acoustique ou je ne m’y connais pas ! A ce sujet je vous conseille le numéro spécial de pour la science consacré aux illusions.(http://www.pourlascience.com))


Il faut se souvenir de cette expérience renouvelée devant des dizaines d’incrédules.


Ne nous fions pas à nos oreilles.


Une autre illustration de la « reconstruction » du son faite par le cerveau est la différence de qualité selon qu’on écoute en monophonie sur une ou deux enceintes. Faites la manip., vous verrez, c’est flagrant, le son issu d’une seule enceinte est étriqué, sans dynamique et sans profondeur !


Pour juger d’une chaîne il faut beaucoup de temps, de patience et de rigueur.


Si vous voulez, on peut en parler un peu si vous êtes prêts à faire l’effort !